Après avoir traversé l’Angleterre, il faut garder la forme. Il y a certes un peu de ménage chez Félix, mais cela ne suffit pas.
Je compte bien profiter de ce valeureux vélo Victoire qui m’a conduit jusqu’à Dublin.
Le temps est toujours aussi clément pour ces vacances de Pâques. De plus, certaines sorties n’ont pas été concrétisées à la Toussaint.
Howth
Cette presqu’île aux portes de Dublin est vraiment dépaysante. Isa et moi l’avions un peu explorée lors des dernières vacances en Irlande. Je me doutais bien que Félix avait une idée en tête quand je l’ai vu monter des pneus de cyclo-cross sur son vélo Roubaix.
Pourtant j’étais loin d’imaginer ce qui m’attendait.
Heureusement de mon côté, le Victoire a rajeuni avec de nouveaux étriers de freins. Les pneus, trop fins pour les mauvaises routes anglo-irlandaises, ont aussi été changés pour être plus larges. Profitant d’un bel après-midi ensoleillé, nous voilà partis en direction de Howth à vive allure. On peut y accéder rapidement grâce à une belle piste cyclable longeant la côte.
Mais d’un seul coup, nous bifurquons vers la mer pour nous engager sur la surprise de Félix qui est un sentier côtier !
Les larges pneus vont être appréciables, car c’est bien du cyclo-cross qui est au programme. On va voir comment se comporte le Victoire, si son propriétaire est à la hauteur !
Certaines parties sont bien roulantes, mais attention à la chute, car ce n’est pas large ; d’autant plus qu’il faut croiser des randonneurs pas forcément charmés, même avec des « sorry » ! Nous sommes d’ailleurs aussi contraints de les imiter lors de phases de portage.
Le matériel est soumis à rude épreuve et la cale de ma chaussure se dessert après une chute sans gravité ; sauf qu’il manque une vis. Comme nous sommes presque à mi-chemin, je vais essayer de ne pas la perdre.
Cependant, le décor vaut le détour avec quelques falaises surplombant de petites criques inaccessibles ; seuls les cris des mouettes viennent troubler la quiétude marine.
Alors qu’à mi-chemin, nous dépassons le phare, c’est au tour de Félix de connaître quelques tracas avec une crevaison.
Il est temps d’atteindre le petit village de pêcheur de Howth, où règne un parfum de station balnéaire tellement le temps est agréable en cette mi-avril.
Une fois accompli le tour de cette presqu’île, la piste cyclable est récupérée pour le plus grand bonheur des vélos !
Un regret des vacances de la Toussaint est maintenant effacé, avec des sensations encore plus fortes qu’en marchant !
Finalement, cette mini expérience de bivouac est une réussite qu’il faudra simplement prolonger de quelques jours avant le mois d’août.
Mais le principal est de passer de bonnes vacances irlandaises dans des endroits inhabituels en compagnie de Félix.
Wicklow
Encore un projet inabouti de ces vacances automnales par manque de temps. Wicklow et ses lacs, au sein d’un parc national montagneux, est le site incontournable de la région dublinoise , à seulement quelques dizaines de kilomètres de la capitale. C’est l’occasion de se préparer à la French Divide prévue en août : de la frontière franco-belge ( Bray-Dunes ) à la frontière franco-espagnole ( Biarritz ) en suivant approximativement le chemin de St Jacques de Compostel, mais à vélo sur plus de 2000 km avec 40 000 m de dénivelé et en 15 jours. Il faut simplement attendre deux jours de relatif beau temps, surtout sans pluie.
En attendant cette opportunité, nous préparons nos vélos avec leur chargement comme celui des chameaux, pour bivouaquer au moins une nuit.
Le départ est fixé en milieu de journée car il n’y a que quelques dizaines de kilomètres jusqu’à ces lacs de montagne. Nous sommes lourdement chargés avec même un sac à dos chacun, et dès la sortie de Dublin, les forts pourcentages proches des 10 % se font sentir. Ce n’est plus le même style qu’à Howth. Je roule toujours avec mon Victoire qui se révèle assez polyvalent, alors que Félix est en version gravelbike avec son Finna Landscape.
Une certaine fraîcheur nous permet de nous dépasser, afin de gagner les plateaux avec des pentes moins raides. Le rythme est soutenu car nous parvenons difficilement à nous réchauffer.
Si bien que le lac principal est atteint en fin d’après-midi.
Tout juste pour que Félix profite de ses appareils photos, en attendant de repérer l’endroit parfait pour bivouaquer.
Il est trouvé au fond de la vallée à l’extrémité du lac, presque au niveau d’un ancien site de mineurs, maintenant hanté. Nous sommes protégés d’un petit vent de nord-est par la forêt, tout en dominant le lac et ses marécages maudits.
Il n’y a plus qu’à installer la tente alors que le paternel, comme à son habitude, va se contenter d’un bon sac de couchage protégé par un bivy. Il pourra ainsi surveiller le feu qui reste à allumer. Surtout que les saucisses sont du voyage avec des pâtes à cuisson instantanée. Les pierres et le bois ne manquent pas dans la région pour tout préparer. Félix part faire un tour dans le park de Wicklow pour prendre quelques photos de nuit, afin de rentabiliser les kilos de matériel photo transportés.
Le festival de grillades, en parallèle à la cuisson des pâtes, va pouvoir commencer.
Après un léger thé, il est temps de savourer cette nuit à la belle étoile très paisible, uniquement dérangée par les derniers crépitements du feu et quelques hululements. Un magnifique ciel étoilé comme il n’en existe qu’en montagne, m’accompagne jusqu’aux ronflements. Le sommeil est si profond, que la grasse matinée se prolonge jusqu’à dix heures, sans que quoi que ce soit ni même un garde, vienne la troubler. Le soleil est déjà haut sur l’horizon et nous avons tout juste le temps de faire nos bagages, avant qu’une équipe de gardes vient patrouiller dans la vallée.
Nous allons regagner Dublin par le train, car la suite de notre itinéraire montagneux est trop pédestre et c’est ennuyeux de reprendre le parcours aller en sens inverse.