French Divide 2

French Divide 2

À quelques heures du départ, pas totalement serein… Pas mal de matériel à prendre pour gérer le diabète et ses hypoglycémies, mais pas le choix ! Le parcours de ce brevet permet de découvrir de nombreux lieux touristiques. Il est principalement sur chemins et emprunte des passages reconnus par de nombreux cyclistes. Retrouvez-le sur le site de la French Divide 2017.

Quelques photos de la soirée de lancement organisée chez Specialized Lille :

Veille de départ

Nous nous rendons à Dunkerque en prenant un TER à partir de Lille. En quelques coups de pédales, nous parvenons à Bray-Dunes. Le briefing est prévu pour 18 h afin de suivre les dernières recommandations. Il faut surtout s’équiper du tracker qui va permettre de nous suivre en temps réel.

Le rendez-vous est donc pris pour le lendemain, dimanche 6 août à 6 h 24, au chant du coq.

Il s’agit de la troisième et dernière vague de départ des 90 participants.

Pour prendre des forces et mieux faire connaissance, tout le monde se réunit dans un restaurant à la frontière belge.

Mais nous ne tardons pas à rejoindre le camping municipal « Les Dunes » de Bray-Dunes pour être en forme le lendemain.

Départ

Il est prévu au bout de la digue en attendant le lever de soleil. Les vélos équipés en bikepacking ( sous forme de sacoches ) sont resplendissants. Il ne fait que quelques degrés et nous avons hâte de nous élancer.

À l’heure prévue, la voiture officielle démarre et nous la suivons jusqu’à la frontière franco-belge, jusqu’au départ réel

Cette partie belge suit essentiellement des canaux et permet de se réchauffer à vive allure. Une fois la France retrouvée, les différents Monts des Flandres nous attendent et nous retrouvons Thierry. Au programme, Cassel, Monts des Cats et Noir, et surtout le terrifiant Kemmel avec sa pente à plus de 20 % en pavés. Ce qui nous conduit ensuite à contourner l’agglomération lilloise par le sud…

C’est à ce niveau que je dois hélas continuer seul sans Félix !

Il doit abandonner la course à la fin de cette première journée, suite aux accidents de ces derniers jours avec des automobilistes et à une chute en début de parcours. Il s’avère que sa fracture du bassin s’est de nouveau transformée en fissure…

Les pavés

Une vieille connaissance après avoir participé deux fois à Paris-Roubaix pour amateurs avec Félix.

Bizarre de franchir ces secteurs mythiques, comme la trouée d’Arenberg, en sens inverse !

Après avoir été secoué un peu, la tranquillité de la forêt de Marchiennes, au sein du parc naturel régional Scarpe-Escaut, est appréciable.

J’approche du Quesnoy, mais il se fait tard après une longue première journée. C’est au niveau du calvaire de Bermerain qu’une famille me propose de dormir dans la chapelle qui avait hébergé d’autres concurrents la veille. Je tiens à remercier ces personnes dont le monsieur travaille aux services municipaux de la ville de Lille.

Deuxième jour

Au petit matin je franchis les fortifications incontournables de Le Quesnoy.

Puis une nouvelle forêt est à traverser, celle de Mormal, plus importante.

Les bocages de l’Avesnois sont dépaysants et permettent de passer Maroilles.

Son fromage traditionnel n’est peut-être pas recommandé pour un cycliste matinal !

L’Aisne va ensuite permettre d’accélérer le rythme sur ses chemins agricoles interminables…

Mais je vais vite être calmé par la montagne de Reims !

Heureusement la contemplation des vignes de champagne atténue cette première difficulté du parcours.

Mon but est d’atteindre si possible le check point facultatif d’Épernay, où la présence des organisateurs se termine en ce lundi 7 août à 21 h.

Mission accomplie de justesse et cela fait plaisir de retrouver des têtes connues, après déjà deux jours de solitude. Seulement le temps orageux se dégrade et mon énergie solaire a connu ses limites dans la journée. C’est un couple de jeunes sportifs, que je remercie, qui m’autorise à recharger tous mes appareils, pendant que je passe la nuit entre les rangées de vignes. Sommeil de courte durée, car je suis réveillé par quelques gouttes qui me contraignent à reprendre la route.

Etang du Pont Rouge

Troisième jour

Châlons-en-Champagne se rapproche et va me permettre de faire le plein, non de carburant, mais de batteries de secours chez SFR. Il faut dire que les villes traversées sont rares, ce qui fait la beauté du parcours, mais il faut en profiter ! Je suis soulagé de compléter l’énergie solaire et je vais pouvoir longer tranquillement la Marne, plus longue rivière française. Peu à peu le relief augmente après avoir suivi les chemins de halage et j’atteins la surprise des organisateurs.

C’est un single track intéressant, après celui rencontré dans la montagne de Reims.

Pour les non-initiés, il s’agit d’un passage étroit de la largeur d’un vélo, souvent sinueux et rapide. Au niveau d’un passage technique, les organisateurs me surprennent avec leur appareil photo, surtout quand on ne s’y attend vraiment pas ; c’est sympa de leur part et je remercie le photographe officiel. Ce single track nous redescend directement à Vitry-le-François, reconstruite par devinez qui… François 1 er

Après la Marne, je me rapproche de l’Aube et de ses nombreux lacs et étangs.

À Brienne-le-Château, je retrouve un autre Philippe ( Trochon ) dit Phiphoo, qui a été ralenti par de gros soucis sur son vélo, avec une roue libre à changer.

Juste avant cela, un hôtelier a la bonne idée de me confectionner un cornet royal de trois boules au chocolat alors que je venais juste de me rafraîchir avec un coca. Mais cela veut dire que j’ai bien roulé, car il fait partie des « costauds » ayant déjà participé à la première édition de la French Divide.

Je suis même tout « honoré » quand il me propose de continuer ensemble, afin notamment de profiter de son éclairage nocturne. Juste le temps de laisser passer un gros orage qui nous permet de nous rassasier, nous ne tardons pas à rouler.

En effet il faut se dépêcher de traverser la forêt d’Orient, car elle est interdite la nuit !

Le rythme soutenu nous conduit à Bar-sur-Seine.

Grâce à son éclairage, nous roulons de nuit pour nous rapprocher de Tonnerre. Quelques heures de sommeil sont les bienvenues à l’abri d’un hangar.

Quatrième jour

Nous retrouvons les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle entre vignes et forêts.

Cela nous permet de traverser Chablis et ses vignobles connus, mais impossible de savourer !

Il n’y a pas que de la vigne puisque nous avons la surprise de découvrir un champ de chanvre… textile.

En route, nous avons aussi rejoint Duncan, un autre « costaud » de l’édition 2016 et solide grimpeur. Ce trio reconstitué file à vive allure vers Avallon.

Peut-être un peu trop pour moi, car je ressens une douleur au niveau du talon d’Achille droit !

Une petite brasserie de village nous prépare des pâtes inespérées, accompagnées d’une sauce bolognaise maison. Merci encore à son propriétaire et à son chef de nous avoir permis de déjeuner correctement depuis quelques jours., Malheureusement, je vais devoir abandonner mes compagnons de route en passant par Avallon et une pharmacie. Le verdict d’une tendinite du talon d’Achille me démoralise, mais je vais essayer de continuer, grâce aux anti-inflammatoires.

Même si ce n’est pas prudent, je veux découvrir la suite du parcours à mon rythme !

Surtout que le Morvan, véritable poumon vert de Bourgogne, s’annonce comme un obstacle très vallonné et humide.

Essayons de rejoindre quand même Quarré-les-Tombes où se situe le check point 1 !

Les averses orageuses n’arrangent rien, mais semblent soulager cette tendinite avec la fraîcheur. Heureusement, car les côtes sont interminables ! Si bien que je suis tout étonné d’atteindre ce petit village perché sur une hauteur.

D’autant plus que j’ai le plaisir d’y retrouver Phiphoo et Duncan !

Pour terminer cette journée intense en émotions, il ne nous reste plus qu’à nous rendre jusqu’à un camping au bord du lac de Saint-Agnan.

Mais cette approche dans l’obscurité tombante est interminable dans cette forêt sombre et humide, alors que la fatigue se fait sentir et que ma tendinite me fait souffrir de plus en plus, surtout quand il faut pousser en marchant. Nous sommes enfin accueillis par le propriétaire belge qui nous propose gentiment une des pièces de sa demeure pour le coût d’une nuit de camping.

Occasion de se doucher depuis quelques jours et de dormir un peu plus au chaud, sans se réveiller dans l’humidité !

Check point 1

Cinquième jour

Nous repartons dans la fraîcheur matinale du Morvan, avant de rattraper Daniele l’Italien, faisant aussi partie des excellents coureurs et ayant bien fini à l’Italian Divide. C’est un massif peu connu que nous allons parcourir, au milieu des forêts de sapins, grâce à la Grande Traversée du Morvan.

De nombreux single tracks nous attendent !

Je me rends compte de plus en plus que cette portion du parcours est l’une des plus difficiles. Si bien que petit à petit je laisse à nouveau filer Phiphoo et Duncan que je ne reverrai plus. Autun marque en quelque sorte la fin du Morvan et ce sera pour moi l’occasion de revoir Phiphoo une dernière fois au moment du repas.

Content d’avoir franchi ce massif avec ma tendinite, je roule à nouveau seul en direction de Moulins.

Je revois aussi Daniele qui a connu des ennuis de dérailleur, mais dépanné par Phiphoo capable de tout réparer sur un vélo.

Les miens vont d’ailleurs commencer en ce qui concerne le vélo !

Tout commence par une grossière erreur de parcours d’une bonne dizaine de kilomètres, à force de vouloir rouler dans l’obscurité. Puis, au lieu de m’arrêter pour la nuit, je m’aventure dans un bois, pas très long, mais fatidique pour le vélo. La chaîne vient se coincer dans les rayons de la roue arrière, entraînant la rupture d’un de ceux-ci. Bien entendu, n’ayant pas suivi les conseils de Lionel, j’ai oublié d’en transporter. Sorti de la forêt, j’arrive au ralenti à Bourbon-Lancy vers deux heures du matin.

Comme un miracle surgit de la nuit, je découvre un magasin de cycles de la marque BMC assez spécialisée.

En attendant son ouverture, je me réfugie au rez-de-chaussée du bâtiment, où se trouve un cabinet de kinésithérapeutes, pour une nuit encore plus courte que les précédentes.

Sixième jour

Je suis d’ailleurs réveillé par l’un d’entre eux qui me marche dessus en s’excusant. Pour se faire pardonner, il m’accueille tout de suite dans le cabinet en me proposant de me doucher, après m’avoir offert le petit déjeuner.

Finalement dans sa malchance, ces rencontres sont inespérées et je ne saurai comment le remercier.

Après ce réconfort matinal, c’est l’ouverture du magasin à l’étage. Je suis accueilli par le père du propriétaire qui est en vacances, et qui miraculeusement continue à dépanner son fils en cette période de congés. Il existe une infinité de rayons, mais celui-ci va réussir tranquillement à trouver à peu près le plus ressemblant, en l’usinant légèrement.

Je lui dois une fière chandelle et le remercie encore.

Direction Moulins après une demi-journée de perdue, comme cela a été le cas pour pas mal d’entre nous, si ce n’est pire. Je crois que je dois me résigner à poursuivre en mode touriste et semble soulagé.

Un Moulin traversant Moulins n’est pas très original !

Il ne reste plus qu’à suivre l’Allier sur un magnifique single track, le chemin du Castor, portant bien son nom. Après cette journée riche en rebondissements, j’ai mérité de passer la nuit à proximité de l’Abbaye de Chantelle dominant la vallée.

Septième jour

Cette fin de première semaine me conduit aux portes du Massif central.

Après les soucis de la journée précédente, celle-ci commence mieux en traversant le village de Charroux plein de charme.

Puis la chaîne des volcans d’Auvergne se distingue progressivement à l’horizon, dont notamment le fameux Puy de Dôme.

Il faut en profiter, car on pénètre lentement dans la forêt du Massif central qui est assez dense.

Je me retrouve rapidement à Vulcania, étrangement calme comme si une éruption était programmée !

Le moins évident reste à venir avec l’ascension de sommets élevés.

Elle se fait dans la douleur de cette tendinite que je dois me résoudre à supporter jusqu’à la fin, en m’arrêtant régulièrement pour me masser !

Pour ne rien arranger, le ciel se couvre d’une grisaille démoralisante.

Il ne reste plus qu’à se laisser descendre à grande vitesse jusqu’à La Bourboule.

J’espère y croiser les Retas, mais je crois que ce n’est pas la bonne période.

Après m’être restauré et surtout réchauffé, après une descente interminable, avec un kebab, je me lance dans l’ascension de la forêt de cette ville thermale. Mauvaise idée encore une fois, car j’y vois de moins en moins et les ornières causées par les engins forestiers sont de plus en plus profondes et détrempées.

La plupart du temps il faut même pousser en cherchant son chemin, ce qui est d’autant plus pénible pour le talon d’Achille.

De toutes les façons, je ne peux pas dormir dans ces conditions ! C’est à la sortie de la forêt que je vais pouvoir me réfugier dans une scierie, vers une heure du matin. Quel bonheur de se laisser bercer dans la sciure, au milieu des lames tranchantes démesurées, dignes d’un film d’horreur !

Huitième jour

Occasion de faire la grasse matinée puisque c’est dimanche !

Mais il reste encore un bon tiers du parcours et surtout les Pyrénées.

Je vais savourer un vrai petit déjeuner à La Tour d’Auvergne en contemplant le Cantal.

Puis il n’y a plus qu’à se laisser descendre jusqu’à Ydes pour se remettre de l’ascension de La Bourboule.

Il vaut mieux reprendre des forces au SuperU car la traversée de La Dordogne se profile.

Le parcours alterne chemins et routes avec de bonnes petites côtes pour ne pas perdre le rythme.

Les villages, comme Neuvic, sont très typiques et sont séparés par de jolies forêts vallonnées.

C’est d’ailleurs au sein de ce paysage que je croise Louise “ Boutchou “ et son papa.

Ils sont gentiment installés sous un arbre, occupés par une partie de jeu de société. Je les remercie chaleureusement pour leur dépannage en eau.

Cette huitième journée ayant été la plus chaude depuis le début, je profite d’un cimetière pour effectuer un lavage et une lessive presque complets. Ce fut une étape de transition avant les difficultés du lendemain.

Neuvième jour

Grosse journée pittoresque au programme. Cela commence par la descente jusqu’à Argentat pour retrouver la Dordogne.

En la suivant, on croise Beaulieu-sur-Dordogne, avant de reprendre de l’altitude et de retrouver cette rivière un peu plus loin.

Elle s’écoule paisiblement pour le plus grand bonheur des kayakistes.

Au milieu des cultures de noyers, je tombe sous le charme de Carennac, classé parmi les plus beaux villages de France en 2012.

Il n’y a pas que la beauté, puisque je reprends des forces au “ Comptoir de la Noix “, en avalant un sac de fruits caramélisés.

Je ne résiste pas non plus en goûtant leur glace, toujours à la noix, et je les remercie pour leurs encouragements.

Un Léonberger, venu des Midlands en Angleterre, aimerait bien aussi y goûter pour se laisser photographier.

Cependant il faut remonter en selle, après cette longue parenthèse touristique.

Après Floirac, je me dirige vers Rocamadour au sein des Causses du Quercy.

Le thermomètre ne fait que grimper et l’après-midi s’annonce très chaude.

Pas le temps de faire du tourisme à Lascaux, car un single track assez technique nous attend pour redescendre de ce village accroché à la falaise.

Les chemins caillouteux ne font ensuite que monter et redescendre, sur des pentes comprises entre 10 et 15 % alors qu’il fait presque 40 °

Le soleil décline sur l’horizon du Lot, mais je veux absolument arriver à Cahors avant la nuit, car c’est le deuxième check point.

Plus de caillasse, mais toujours le même profil interminable. Pour ternir un peu la journée, j’apprends grâce à Maxence, que mon tracker de suivi n’émet plus depuis le matin.

Grosse inquiétude chez les parents forcément, puisque qu’ils me suivent à la trace depuis le départ grâce au site.

Cela correspond au changement de piles que je n’ai pas surveillé, même si ce n’est apparemment pas la cause directe. Heureusement tout a été rétabli après Cahors. Merci à Samuel et Lionel de l’organisation qui ont su gérer ce problème.

Chaleur considérable, autour des 25 °, conservée dans les murs de cette ville fortifiée, où j’arrive hélas en retard.

Pas grave, car je me fais photographier devant le check point 2 prévu, et grâce à une facture de succulentes tagliatelles au saumon, je justifie ma présence comme convenu dans le règlement.

L’orage gronde et je décide sagement de passer la nuit, abrité dans un lycée à la sortie de la ville.

Dixième jour

Après cette nuit orageuse, nous retrouvons rapidement les chemins de Compostelle sur le GR65 jusqu’à Lauzerte.

Je suis vraiment émerveillé par la détermination de ces marcheurs, pour qui cela doit sembler interminable.

Leur tâche est facilitée par des haltes, comme à « la pause du Sorbier », qui nous soulagent aussi.

Un ancien agriculteur en retraite a préparé du bon café chaud et un succulent thé froid aux fruits rouges, agrémentés de pêches et de figues locales ; de l’eau fraîche est toujours prête au frigo, car il pense à tout. Chacun donne ce qu’il veut ; merci pour tout.

C’est à l’occasion de ce moment de réconfort que je retrouve avec plaisir Anna et Graham, derrière lesquels on a roulé un moment avec Félix à partir de Bray-Dunes ; je les croiserai à de nombreuses reprises avec sympathie jusqu’à la fin, même si mon anglais de CE2 n’est pas à la hauteur !

Encore un orage m’oblige à me mettre à l’abri dans la sandwicherie de « Pif », ouverte en ce 15 août, juste avant Lauzerte.

Comme c’est l’heure du repas, je me régale avec une omelette au porc, qui change de l’ordinaire. En apprenant que c’est le roi du croque-monsieur, je me dois d’y goûter ; avant de terminer par un panini au nutella comme dessert !

Le parcours est ensuite plus roulant jusqu’à Moissac, avant de suivre la piste cyclable du canal de Garonne.

Autant en profiter et se refaire une santé à l’approche des Pyrénées, selon le souhait des organisateurs.

Après Caumont, un couple me donne des forces en rajoutant du sirop de grenadine dans le bidon ; ils me font même goûter leur saucisson maison avec du bon pain. Encore merci, surtout que j’ai interrompu leur dîner. Un peu plus loin, alors que je photographie la surprenante mairie de Sérignac qui permet l’accès au village, je constate qu’un café associatif est ouvert.

Ils vont même m’offrir un coca pour continuer à rouler ; je le je savoure dans une bonne ambiance avec ces personnes, dont une mamie très bavarde originaire d’Alsace, débordante de générosité et que je remercie tellement pour ses encouragements. J’y serais même resté pour la nuit avec cet accueil, mais il y avait encore la possibilité de rouler ; je suis même reparti avec le gobelet du café en souvenir !

C’est finalement à l’abri d’un porche d’église que je vais me reposer pour uniquement quelques heures, car il y a encore des averses au niveau de L’Isle-Jourdain, proche de Toulouse. Pont Valentré

Onzième jour

Le relief des Pyrénées commence à se faire sentir, avec surtout une brume locale d’altitude très humide.

Sur notre passage après Lombez, un agriculteur barbu et lui-même vététiste, nous suit assidûment en étant connecté sur le site du tracker ; de précédents participants l’ont informé du passage de la French Divide.

Il connaît donc exactement tout concurrent se présentant à son niveau, en l’accueillant chaleureusement. S’il y a une édition 2018, il en fera partie ; merci pour ses encouragements.

Un peu plus loin, à Cassagnabère, un camping me permet de me protéger d’une brume envahissante. En plus il y a des restes de lasagnes de la veille, que la propriétaire me réchauffe avec une salade appétissante, car je n’ai plus rien à manger sur cette portion du parcours inhabitée.

Son père accompagne des campeurs cyclistes sur les pentes de la région. Après une brève redescente dans la vallée de la Garonne, nous entrons dans les Hautes-Pyrénées après la magnifique cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges.

Le nom de ce département veut tout dire et les choses sérieuses commencent

La forêt montagneuse à traverser jusqu’à Sarrancolin est un obstacle pénible que l’humidité brumeuse aggrave, surtout en fin de journée.

J’arrive dans cette petite ville pyrénéenne, juste au moment de la fermeture de la boulangerie.

La boulangère, que je remercie vivement, m’offre même un lot de viennoiseries comme c’est la fermeture et que je n’ai plus beaucoup de monnaie. Juste en face, un hôtel-restaurant tenu par les sœurs Conceptione et Maria Llop, est l’occasion de dîner.

J’ai encore le goût de ce sandwich fait maison avec du jambon de pays et du fromage de chèvre, accompagné d’un café bien fort pour affronter le Col de Beyrède.

Merci de m’avoir redonné des forces en m’encourageant ; dommage pour l’hôtel qui n’est plus aux normes. La pente est très raide pour s’élever au-dessus de la vallée, mais je ne m’en rends pas compte avec la nuit brumeuse.

Après de longs efforts, ce col est atteint, mais difficile d’en profiter avec le brouillard nocturne.

Je décide donc de redescendre jusqu’au bord du lac de Payolle, pour y passer la nuit dans un bloc sanitaire de camping, qui me protège de la fraîcheur d’altitude.

Douzième jour

La journée grandiose de ce parcours, accompagnée d’un temps resplendissant.

Mais elle commence mal avec une grossière erreur de parcours qui m’amène directement dans un torrent. Il faut reprendre la montée du Tourmalet, après avoir heurté un sanglier.

Le parcours prévoit l’accès au col, mais essentiellement par des chemins.

L’ascension jusqu’à la station de La Mongie est raide mais régulière.

Elle est facilitée par la découverte progressive du Pic du Midi de Bigorre, qui ressort sur un ciel parfaitement azur.

Halte petit déjeuner à la station qui n’a rien d’extraordinaire, si ce n’est le départ du téléphérique pour le Pic et ses observatoires.

Pour continuer jusqu’au Col du Tourmalet, il faut se frayer un passage à travers les troupeaux de moutons qui sont les rois de la station.

Après quelques kilomètres supplémentaires, le point culminant du parcours est atteint à 2115 m d’altitude.

On y retrouve la foule des grands cols, mais il ne faut pas oublier le selfie validant le dernier check point bonus ; pas évident, car tous les cyclistes veulent en faire autant.

Après l’Izoard de l’étape du tour en juillet, je complète ma collection qui comprend le Ventoux.

Il n’y a plus qu’à se laisser descendre à très très grande vitesse grâce aux freins à disque, en empruntant particulièrement la voie Laurent Fignon.

Arrivé dans Luz-Saint-Sauveur, je ressens une bouffée de chaleur après une descente fraîche. Cela va être le cas jusqu’à Lourdes avec un vent défavorable dans la vallée.

Pour rompre cette monotonie, les organisateurs nous ont réservé quelques single tracks, notamment sur un circuit VTT.

Pour me remettre de mes émotions, deux cyclistes grands randonneurs que je remercie, m’offrent un coca désiré à l’hôtel des 3 vallées.

Lourdes est aussi chaude que Cahors, et pour ne rien arranger, elle est noire de monde avec les rassemblements de l’Assomption, sans oublier les gens du voyage qui ont envahi les abords de la ville. Pas évident d’affronter tout ceci quand on a déjà dominé le Tourmalet dans la journée.

Mais après quelques sandwichs, je vais retrouver un peu de sérénité en me rapprochant de la grotte.

Heureusement que le gardien accepte de surveiller mon vélo, le temps de quelques photos souvenirs qui me rappellent agréablement d’anciennes vacances en famille.

Au moment de repartir, je croise un cardinal qui se prépare pour la procession de 21 h.

Je quitte Lourdes à travers une forêt paisible, dans l’obscurité comme d’habitude, tout en longeant le gave (rivière) de Pau Un Logis de France présent sur l’itinéraire me permet de squatter une terrasse du rez-de-chaussée.

Pic du Midi de Bigorre

Avant-dernier jour

Je reprends la route de Compostelle pour une longue journée sous la grisaille avec plus de fraîcheur, et ces fameux chiens pyrénéens sortis de nulle part pour vous mordiller les mollets !

Le paysage est typiquement pyrénéen avec une verdure omniprésente et même des champs de fougères.

En arrivant à Oloron-Sainte-Marie, je ne peux résister à faire un détour par le magasin d’usine Lindt, surtout que je commence à être trempé par ce fameux crachin pyrénéen, pire que le nôtre.

Dans cette caverne d’Alibaba du chocolat, je me contente d’une livre en vrac, pour ne pas trop être chargé.

Je vais pouvoir les savourer à l’arrivée dans un autre des plus beaux villages de France, Navarrenx. Pour accompagner ces chocolats, rien de tel qu’un bon café dans la Taverne de Saint-Jacques.

Je n’en reviens toujours pas de la décoration « compostellienne » de cet établissement.

La sortie de ce village se fait par ses remparts.

Après cette pause touristique, retour dans la forêt humide et boueuse, avec des passages assez techniques. Cette avant-dernière journée se termine de façon gastronomique, dans une halte prévue pour les pèlerins. Jean Haget a eu la riche idée de proposer sa production de pâtés pour se restaurer, avec quelques boissons si nécessaire.

Ayant croisé de nombreux chevreuils dans les bois, il est évident de goûter cette spécialité de pâté, surtout qu’il me reste un bon morceau de pain.

Je ne suis d’ailleurs pas le seul amateur, puisque Jacquou ( de Compostelle ) recueilli par Jean, partage un peu mon dîner et me rappelle ma chère Zélie que j’ai abandonnée à la maison.

Merci à Mr Haget d’avoir eu cette initiative et servi de guide. Au moment de repartir arrive un cycliste incroyable qui se reconnaîtra. C’est un pâtissier qui vient de Saint-Malo en suivant la Côte Atlantique, pour enchaîner avec le Camino vers Compostelle. Il remonte ensuite jusqu’au Puy-en-Velay puis redescend vers Rome, avant de retourner en Bretagne.

Je suis admiratif devant ces milliers de kilomètres parcourus.

Renaud de la French Divide me rejoint à son tour, alors que nous avions mangé ensemble au restaurant la veille du départ. Il ne me reste plus qu’à atteindre Larribar pour y passer la nuit dans un abri municipal.

Arrivée

Dernière étape, courte, mais pas de tout repos, avec les derniers problèmes matériels.

Cela commence en pleine nuit avec une crevaison lente à l’avant, pourtant avec du pneu tubeless.

Impossible de continuer dans ces conditions et comme je suis confortablement installé dans l’herbe, je me résous à mettre une chambre à air.

Cela me permet de rejoindre Saint-Jean-le-Vieux afin d’y prendre un petit déjeuner.

Alors que je suis en admiration devant une splendide demeure basque, le propriétaire ouvre ses volets. Il s’agit de Mr Simon qui me propose carrément le café, alors qu’il s’empresse d’aller chercher du pain à la boulangerie.

C’est ainsi que nous nous retrouvons à bavarder tranquillement de la French Divide, du cyclisme et de sujets divers.

Je me souviens encore de sa gelée de fruits rouges et des figues de son jardin, pour compléter ce petit déjeuner pyrénéen.

Merci à lui de m’avoir remotivé après la crevaison matinale en me redonnant des forces. Après Le Vieux, je m’apprête à traverser Saint-Jean-Pied-de-Port, et comme il n’est pas encore 11 h 30, je ne suis pas forcément obligé de marcher.

Ce que je fais quand même, car c’est encore un des plus beaux villages de France, qui est à photographier sous tous ses angles.

Il ne faut pas traîner, car le repas d’arrivée avec tous les participants est prévu vers midi.

Hélas, ce que je craignais depuis quelques tours de roue, arrive ; et il va falloir se résoudre à changer les plaquettes de frein avant.

Je ne l’ai jamais fait, mais je vais réussir grâce aux conseils de Renaud qui passe à mon niveau.

Il valait mieux, car les quelques dizaines de kilomètres restants sont loin d’être plats et semblent interminables, avec la chaleur augmentant et toujours cette maudite tendinite.

Quand le panneau « Mendionde » se dresse sur le bas-côté, j’ai du mal à y croire ! Beaucoup d’images et de pensées se bousculent, alors que la pression retombe. J’en ai encore des frissons tout en le racontant, après tant d’intensité et d’émotions !

Je me dirige vers le check point final situé au restaurant « Etchebarne » dans un village très calme. Au moment de chercher la salle des fêtes, je suis repéré par Sam et les organisateurs ; quelle délivrance de les retrouver ! Ils m’y conduisent et me proposent d’y pénétrer en roulant pour une extraordinaire surprise.

La salle comble de concurrents m’applaudit longuement, ce qui me touche énormément après avoir été si longtemps seul sur ces routes isolées.

Les habitants et bénévoles du village me prennent tout de suite en mains, pour récupérer et même soigner ma tendinite douloureuse. Un énorme merci à tant de gentillesse que l’on ne rencontre pas que dans le Nord ! L’après-midi de ce dernier jour est consacré à la douche inestimable, au lavage et au rangement.

Il se terminera bien entendu par une dernière soirée tous ensemble au restaurant « Etchebarne », comme dans Astérix et Obélix dans les Pyrénées…

Le lendemain, je n’ai plus qu’à me laisser descendre jusqu’à Biarritz au bord de la mer. C’est là que m’attend la housse en poste restante, pour pouvoir transporter le vélo à bord du TGV ; ce compagnon de route l’a bien mérité.

Ce dimanche touristique est un peu comme la cerise sur le gâteau après un tel périple.

Bilan

Cette traversée de la France en bikepacking et sans assistance est vraiment une épreuve hors du commun. Commencée en famille, elle s’est poursuivie en mode course pour retrouver les habitués de l’épreuve précédente ; puis terminée dans sa version touriste en raison de ma blessure. Difficile de dire laquelle de ces options est à privilégier, mais je suis quand même tenté par une French Divide 3… Je remercie vivement Samuel Becuwe et Lionel Gardebien, ainsi que Céline Oberlé, Thibaut Crépy et l’équipe, sans oublier les photographes ; surtout qu’ils prennent sur leurs vacances afin d’organiser cet événement…

Sans eux la French Divide n’existerait pas !

Parcourir les plus beaux chemins de Gravel et de VTT, en partant de la Flandre pour se retrouver au Pays basque, est incomparable, même au prix de souffrances.

C’est une aventure sportive et humaine à vivre !