De Nice au Col de la Couillole
Après avoir été annulée à plusieurs reprises à cause du Covid, la cyclo de l’étape du tour est de retour sur la Côte d’Azur. Mais il n’y a pas qu’elle… En effet les Two Moulins vont à nouveau être réunis pour leur plus grand bonheur ! En raison d’une hernie discale, le père avait été privé de cet événement international l’année dernière.
Cerise sur le gâteau, l’étape de cette année va s’accompagner de retrouvailles familiales ! C’est l’occasion d’être hébergé par ma cousine Carole et son mari Claude, et leurs garçons Arthur et Victor. Leur appartement est en plein centre-ville, proche de la Place Masséna où se trouve le village étape et de la promenade des Anglais qui est le point de départ de l’étape. Bien entendu, nous repasserons par Aix à la fin du week-end pour retrouver mamie, papy et ma petite sœur Sophie ! Hélas Sophie, l’amie de Félix, est en pleine révisions pour ses examens de médecine et ne pourra se joindre à nous !
Reste à prendre la route dans la nuit de jeudi à vendredi afin de profiter de Nice de bon matin. Carole nous attend avant de partir travailler. Pas une minute à perdre pour aller récupérer nos dossards au village étape avant la foule. Les exposants sont nombreux sur la Place Masséna et quelques achats sont inévitables, dont la tenue cycliste officielle de l’étape. Celle-ci est quand même longue de 135 km pour 4600 m de dénivelé avec quatre cols au menu !
Ma cousine a tout prévu en réservant une table dans un petit restaurant en bas de chez eux qu’ils connaissent bien ! Arthur nous y rejoint pour déguster un délicieux tartare frites. C’est l’occasion de bavarder sport et informatique, Félix étant passionné par ces sujets. Pas le temps de digérer car je dois me rendre en voiture au Col de la Couillole, arrivée de l’étape, pour la laisser jusqu’au lendemain afin de regagner Nice une fois arrivés. C’est une navette de l’organisation qui me dépose Place Masséna en cette fin de Vendredi. Avant de préparer les vélos pour le lendemain, je retrouve Félix et son fidèle copain Guigui pour boire un coup dans l’allée des bars bien animée en raison du quart de finale entre la France et le Portugal. Heureusement que Carole nous a mijoté une délicieuse salade de pâtes comme elle en a le secret, pour faire le plein de sucres lents. Il est temps de faire une bonne nuit car la journée a déjà été bien intense !
Enfin le grand jour, anticipé de vingt-quatre heures à cause du second tour des élections législatives ! Il fait de plus en plus chaud sur la Côte d’Azur ce samedi mais il fera plus frais en franchissant les nombreux cols du parcours. Tous les SAS de mille coureurs sont alignés bien sagement sur la promenade des Anglais. Félix et moi sommes dans le dix où Marie, infirmière chez Decathlon, nous rejoint. Etant en avance, notre garçon photographe profite des images idéales de la grande bleue avant le départ.
Et c’est parti vers huit heures dans une ambiance de folie car tout le monde a hâte de découvrir cette étape ! Les grands boulevards niçois nous amènent jusqu’au pied du Col de Braus, le premier de la série de quatre. Parfait pour l’échauffement car on n’est plus habitué au dénivelé ! Mais la transpiration nous gagne rapidement après avoir traversé L’Escarène. Une belle ascension, proche de l’agitation de la côte, mais délicieusement calme dans les montagnes. Cette montée comporte quelques kilomètres délicats, entrecoupés de sections plus roulantes. Le point fort est le passage avec les virages en épingle à cheveux. Les panneaux kilométriques sont également très pratiques et aident à classer correctement la montée. Nous allons pouvoir nous réhydrater en franchissant le col car un ravitaillement uniquement en eau est prévu par l’organisation. C’est la cohue mais Félix se faufile avec nos bidons pendant que je tiens les vélos. Il ne reste plus qu’à se laisser descendre jusqu’à l’ascension suivante en se rafraîchissant …
A partir de Sospel, le Turini nous attend. La montée la plus dure de l’étape 2024, irrégulière avec quelques moments pittoresques mais aussi des parties ennuyeuses. Si Anton Pieck avait dessiné une montagne alpine dans la forêt de contes de fées d’Efteling, elle aurait sans doute ressemblé à ce col ! Première partie magnifique mais facile alors que la deuxième partie depuis Moulinet moins belle mais plus difficile. Après cette très longue ascension, il faut reprendre ses esprits car la descente est connue comme périlleuse ! D’ailleurs de nombreuses chutes plus ou moins graves ont lieu avant de retrouver La Bollène-Vésubie. Les Two Moulins n’avaient jamais atteint de telles vitesses, surtout l’intrépide Félix !
Pour rejoindre Saint-Martin-Vésubie on longe la vallée de cette rivière qui s’était transformée en fleuve en 2020. Les stigmates de cette furie sont encore considérables malgré les nombreux travaux de consolidation ! Des portions de route ont été emportées et certaines maisons abandonnées sont encore en équilibre au-dessus des éboulis. Le village est heureusement épargné et c’est le moment de profiter d’un important ravitaillement noir de cyclistes. Félix trouve en fin son bonheur en se rafraîchissant dans une fontaine ! En reprenant la route un petit paysan nous propose ses petites prunes trop tentantes. Hélas, une de mes molaires ne résiste pas bêtement aux noyaux et je vais devoir surmonter la douleur jusqu’à l’arrivée. Après le passage sur un pont métallique temporaire, se dresse l’avant-dernier col, celui de la Colmiane ou de Saint-Martin. Lors des premiers mètres d’ascension nous surplombons l’ampleur de cette catastrophe qui apparaît encore plus marquante ! Puis le passage dans la forêt nous ramène aux pourcentages de la pente dans un silence douloureux. Au moment de franchir le col, une bonne pause fraîcheur s’impose dans un bar d’altitude. Félix ne résiste pas à une gaufre au Nutella et je me fais plaisir avec trois boules de glace au chocolat ! La descente avec de longues lignes droites et des belles courbes fluides est un pur bonheur sans danger.
Nous voilà enfin au pied de l’ascension finale qui commence à Saint-Sauveur-sur-Tinée ! Une longue montée en perspective sur une route étroite et sinueuse avec de superbes vues. La pente est constante sans dépasser les dix pour cent mais le revêtement n’est pas formidable. Le Col de la Couillole se mérite ! Bientôt on entend les acclamations de l’arrivée de l’étape pour nous motiver car la fatigue se fait sentir avec un temps de plus en plus lourd. Passé la ligne chacun reçoit sa médaille de finisher ainsi qu’une musette remplie de provisions pour commencer la récupération. Il ne reste plus qu’à se laisser descendre jusqu’à Beuil où nous attend la pasta party !
Espérons que la voiture garée la veille soit encore à son emplacement ! Heureusement la route descend encore et il est temps car il commence à tomber quelques goutes. L’épreuve n’est pas terminée car les bouchons pour regagner Nice par la vallée du Var nous attendent. Mais Carole est prévenue et a eu le temps de nous préparer un copieux souper pour recharger les batteries.
Après une bonne nuit et un rangement nécessaire du C8, direction Aix-en-Provence où mamie et papy Aix nous attendent pour le déjeuner ravito de route. Cela va nous faire du bien car elle est encore très longue pour remonter dans le Nord ! Hélas surgissent énormément de ralentissements jusqu’à Valence. Puis l’autoroute devient étrangement calme avant de se retrouver chez nous en milieu de nuit. En attendant l’année prochaine car cet événement est immanquable, on peut dire que cette édition 2024 restera l’une des plus éprouvantes alors qu’elle semblait plus abordable pour tout le monde ! Enorme merci à la famille Doglio qui, comme Nice, est revenue à la vie courante en attendant l’étape des pros identique à la nôtre mais en fin de tour de France …